Philippe Durand

Beograd

Ce nouvel ouvrage de Philippe Durand reproduit un ensemble de photographies prises dans la ville de Belgrade en 2006. Beograd, Belgrade en serbo-croate, est une nouvelle étape, après Beyrouth (Phoenician Billboards) et les Caraïbes (Offshore), d’une exploration qui a quelque chose non pas seulement de géographique mais bien mieux, de géopolitique. Mais loin de se conformer à la photographie documentaire, l’oeuvre de Philippe Durand s’attache, tout au contraire, à se confronter aux lois du genre. Pour toutes photographies de Belgrade, ce sont en effet pour la plupart des photographies de sols, quand ce ne sont pas celles d’un mur ou d’une remorque. Rien d’exotique, ni de grand reportage, ni de discours vaguement démonstratif et moralisant tel qu’il accompagne souvent le document. S’il est une caractéristique de l’oeuvre de Philippe Durand, c’est d’être très peu spectaculaire. Anti-spectaculaire, même. Un terme qu’il faut entendre surtout au sens politique dans une société où l’image et son régime discursif pullulent. Il y a ainsi quelque radicalité à produire ces photographies muettes. Qui ne se disent qu’une fois qu’on a suffisamment fait silence pour les écouter. Comme le témoignage ou la revendication d’un autre ordre du monde, où seraient bouleversées les hiérarchies que l’attention, l’utilité sociale, et l’habitude ont institué.

SEMIOSE

2009

Texte de François Coadou, 700 exemplaires, 48 pages, 19 × 23 cm, 24 reproductions couleur, Sémiose édition / Espace d’arts plastiques de Vénissieux