Philippe Durand

À propos

En regardant vos images et leur iconographie, on a le sentiment d’une profonde affection pour les objets relégués, tels que les pancartes abandonnées ou les autocollants fatigués. Ce sont typiquement des objets qui ont un rapport très humain au temps : le vieillissement. Et qui nous renseignent également sur ce qui nous entoure : le vieillissement même des codes de représentation. C’est une sorte de petite histoire, celle des objets oubliés, des choses désuètes qui observe la grande histoire, celle des systèmes de circulation rapide des marchandises et des informations. Je tiens néanmoins à ne pas inscrire le travail dans un discours critique.

De l’abandon, de la péremption, naît aussi la vie, comme elle naît de la moisissure : je suis beaucoup plus intéressé ici par la transformation qui s’opère, par la vie qui continue sous différentes formes malgré l’abandon des structures et des messages. Ces images définissent leur propre valeur d’usage dans cette construction poétique révélée, parfois teintée d’un reflet critique.

Entretien avec Michel Poivert, Bulletin de la Société Française de Photographie, Novembre 2001

2000

C-print, 120 × 80 cm