Philippe Durand

Paysages TGV

« (…) Voyager en chemin de fer ne fatigue pas ; c'est un plaisir, un agrément... on se sent rouler avec une douceur inconcevable, ou plutôt on ne se sent pas rouler. On voit fuir devant soi les arbres, les maisons, les villages... tout cela passe ! passe... bien plus vite que dans une lanterne magique... et tout cela est véritable, vous n'êtes point le jouet de l'optique !... Le chemin de fer est la véritable lanterne magique de la nature (…) ».
Paul de Cook dans Les chemins de fer, 1842


La série photographique des Paysages TGV dessine une succession de visions mouvantes des paysages traversés. L’évacuation du point de vue, la dilution des couleurs, la vibration des lignes, la stratification des signes confèrent aux images une fluidité très picturale, dans une sorte de paysagisme abstrait, et instillent dans leur perception un trouble visuel, augmenté par le jeu avec les reflets de la surface des vitres du train.

Comme dans la plupart des œuvres de l’artiste, ces « tableaux photographiques» sont davantage des captations (de l’énergie, de l’air, des traces de l’environnement, du vent, de la lumière…) que des représentations. Il s’agit pour Philippe Durand de rester au plus proche du mouvement même de la perception et de la vie, de leur glissement ou de leur discontinuité. En touriste décalé et enquêteur errant, l’artiste poétise le banal sans pour autant le mystifier. Il se livre à une observation aiguë des espaces où il déambule tout en restituant une certaine illisibilité du réel, jouant ainsi avec la part d’énigme visuelle des images produites.

1995

techniques et dimensions variables