Philippe Durand

Vallée des Merveilles 2

C’est à la fois la question des origines de l’art et de là où il se trouve, où on peut dire qu’il existe, comment, et enfin pour qui ; Ces gravures – qui représentent tout, depuis des personnages humains jusqu’à des têtes de taureaux et des représentations manifestement plus récentes de Mickey ou des tours jumelles du World Trade Center – possèdent, de toute évidence, pour ce qui est des premières, une fonction rituelle ou chamanique, et, dans le cas des plus récentes, celle de graffiti. Et pourtant, la vallée les abrite également et de la même façon. En effet, objets d’une anarchie parfaite – même si elle est rurale –, ces gravures sont libres de toute hiérarchie, et, s’il en apparaissait une un jour, elle ne proviendrait pas de l’intérieur mais de l’extérieur, comme imposée là par les lois changeantes, internes et éphémères de la culture.

Scrupuleusement conformes à l’horizontalité du lieu, les photos de Durand, en les décrivant comme la vallée elle-même les contient, n’imposent aucun ordre hiérarchique aux images trouvées là. C’est pour cette raison que Durand perçoit la vallée non seulement comme un protomusée arcadien, mais aussi comme le musée idéal, un point c’est tout. Dénué de gardien et de conservateur, et donc virtuellement sans critère de discrimination, sauf une ou peut-être deux exceptions, ce musée est une espèce d’utopie muséologique avant la lettre (du musée).

Chris Sharp Loin de l'individu déchaîné 2015

2015

C-print, 103 × 127 cm