Philippe Durand

Ménilmontant

Quand on prononce « Ménilmontant », il remonte de la mémoire des souvenirs du vieux Paris, de ce quartier qui faisait partie de Belleville, nouvellement arrimé au XXème arrondissement qui surplombe la capitale. Il faut monter à « ce » Ménilmontant qu’a chanté Trenet et où est né Maurice Chevalier, avec ces airs de canotier qui traversent les rues animées avec leurs guinguettes, où la classe ouvrière au début du dix- huitième siècle créchait, avant que la gentrification ne les repousse dans les banlieues.

Quartier légendaire qui s’associa aussi aux tristes jours de la commune, dont quelques bribes de murs attestent. « Mais que reste-t-il de nos amours » dit la chanson, à ce croisement bien que non empreint de nostalgie, Philippe Durand a commencé ses promenades, et dans la suite de ses travaux urbains sur les automobiles, les vitrines ou les affichages publicitaires, il s’est attaché une nouvelle fois à dénicher et décrypter les reflets de la rue. Mais cette fois, il l’a fait au moyen de doubles expositions, deux photos sur la même surface, la seconde recouvrant la première, comme s’il voyait au travers de la réalité saisie dans l’instant présent, mais ne pouvait se suffire à faire œuvre visuelle, avec une seule prise de vue, chaque image vue isolément ne pouvant le satisfaire et recherchant son double.

Gilles Verneret 2019

2014

C-print, 57 × 69 cm